Histoire du Village de Courtedoux
Histoire du village de Courtedoux
Courtedoux
Introduction.
Courtedoux est une commune du canton du Jura, se situant dans le district de Porrentruy. Les premiers écrits sur Courtedoux furent trouvés en 814 (Curtis Udulphi). À cette période, Courtedoux faisait partie des possessions de l’abbaye de Saint-Ursanne. Le domaine de Courtedoux fut cédé à l’évêque de Bâle par les sires d’Asuel en 1241. La paroisse du village relevait du diocèce de Besançon puis du diocèse de Bâle dès 1779. Durant l’Ancien Régime, Courtedoux fut le chef-lieu de la grande mairie ajoulote, puis appartint de 1793 à 1813 aux départements français du Mont-Terrible et du Haut-Rhin. Elle passa ensuite au canton de Berne de 1815 à 1978 puis devint finalement commune jurassienne. En 1974, un remaniement parcellaire fit de Courtedoux une zone résidentielle. L’aérodrome vit le jour en 1946, après la Seconde Guerre mondiale.
Démographie au fil du temps
En 1818, Courtedoux comptait 341 habitants, 555 en 1870 et 759 en 1900. En 1950, l’effectif d’habitants était de 591, puis de 691 en 1980, de 719 en 1990 de 743 en 1996 et finalement de 770 en 2016. Étant donné que Courtedoux est devenu une zone résidentielle de Porrentruy, le nombre d’habitants à tendance à augmenter avec les années.
Familles de Courtedoux
Voici les noms de famille de Courtedoux les plus fréquents :
Maillat, Michel, Salomon, Jobé, Vautier, Perrolle, Guenin, Bruat, Maître, Gaibrois.
Les diverses appellations de Courtedoux
En 814, Courtedoux s’appelait Curtis Udulphi. Cette appellation provient de deux significations possibles :
- Le domaine au nom du premier propriétaire Udulphus
- En rapport avec le Creugenat qui inondait les prairies. Uda = eau et ungere = contaminer, gâter.
Puis au 12e siècle, Courtedoux était nommé Curtedul et, par la suite, Cortedul. Au 13e siècle, elle devint Curtedou, Curtedu, Curtedrû puis Corthedou. Au 14e siècle, elle prit le nom de Courtedou puis Courtedoub. Tous ces noms différents amèneront finalement à l’appellation Courtedoux.
Histoire
- Ancienne situation de Courtedoux
On suppose, car on n’a jamais retrouvé de traces, ni effectué de fouilles approfondies, qu’à l’époque de la Guerre de trente Ans, le village était situé dans la zone au-dessus de la croix Noval (« Enson Nova »). En effet, en haut du village, en creusant pour le tunnel de la transjurane, on a retrouvé un puits datant du temps des Romains (pouche) et des voies romaines traversant le village et le finage sous le Fahy. Ces voies se dirigeaient du côté de ce puits romain, détruit par les travaux de la transjurane.
Au fond du village, au-dessus du Creugenat (ancienne route cantonale), on a retrouvé des vestiges datant du Haut Moyen Âge (squelette enterré, reste de maisons, etc.).
- Puits
En plus de ce puits romain (pouche), un autre ancien puits qui est toujours présent aujourd’hui se trouve en aval de l’église. Avant d’avoir l’eau courante et jusqu’à l’inauguration de ce puits en 1890-1900, les gens allaient s’y servir d’eau. Ils allaient aussi laver le linge au puits romain, où une source coulait seulement lors de grandes pluies. Un autre puits se situe en dessous de l’église, vers une des neuf croix en pierre. On peut descendre le voir, mais actuellement une dalle a été posée. On ne peut donc plus y entrer. Tout l’été 1947, une grande sècheresse obligea les gens à aller chercher l’eau dans ce puits pour leur bétail. Il était possible d’aller chercher de l’eau seulement à certaines heures, notamment lorsqu’une personne spécifique la distribuait. Actuellement, une dizaine d’anciennes maisons possèdent encore des puits.
- Activités de Courtedoux
Plusieurs siècles passés, Courtedoux était une commune surtout agricole. Puis, un peu d’horlogerie, principalement la pierre fine, fit son apparition. Ensuite naquirent de fabriques d’horlogerie, où beaucoup de travailleurs s’activaient à domicile pour les fabriques de Porrentruy. Une scierie était présente, mais son activité fut arrêtée il y a une vingtaine d’années.
- Les Loups
Les habitants de Courtedoux sont surnommés les « Loups ». Cette appellation provient de la Guerre de Trente Ans. En 1634, les Bruntrutains n’ont pas voulu recevoir les Suédois, alors ceux-ci se sont vengés en détruisant les villages voisins. Courtedoux en a fait partie. En effet, le village fut saccagé et tous les habitants massacrés. Comme il ne restait personne pour enterre les corps, les habitants morts se sont fait dévorer par les Loups. C’est de cet épisode que provient le nom actuel des habitants de Courtedoux
- L’école
La première école de Courtedoux se trouvait à côté de l’église. Il y a encore une plaque devant la maison au-dessus de la porte où est inscrit : « Laissez venir à moi les petits enfants ». Celle d’aujourd’hui date de 1900, tout comme le clocher de l’Église et se situe à l’entrée du village en venant par la petite route passant derrière l’aérodrome.
- L’Église
L’église de Courtedoux initialement bâtie en 1389, a fini par tomber en ruines et a été reconstruite en 1835. L’église actu8elle n’a pas de spécificité architecturale. Ses autels sont dédiés à Saint-Martin, patron du village, à la Sainte Vierge et à Louis de Gonzagze. L’ancienne église servait aussi de salle d’audience et de tribunal.
Les trois cloches de l’église ont été construites en 1909 à la fonderie de Porrentruy et leur cérémonie de baptême ou de bénédiction a eu lieu le 2 janvier 1910. Sur chacune d’elle se trouve une gravure de jésus en croix ainsi que deux inscriptions, en plus de l’endroit, de la date, du nom du fondeur, etc. La première mentionne sous quel vocable la cloche a été placée ainsi que le nom de ses parrains et la deuxième est écrit en latin. Une quatrième cloche dite « cloche de la persécution » se trouve au point le plus élevé du clocher et servait à appeler les fidèles à l’office durant la période de la persécution. Elle porte l’inscription de son fondeur et est entourée d’une couronne qui représente les douze apôtres.
Le cimetière a toujours été situé aux abords de l’église, mais pas toujours tout autour. Un étang se situait sur la Place Saint-Martin. Cependant, il a été comblé, il y a une centaine d’années.
- Armoiries
Parti émanché d’or et d’azur, au chef d’azur chargé d’un loup passant d’or, lampassé et armé de gueules.
- Restaurants
À une époque, il y avait cinq restaurants à Courtedoux :
- Le Cheval Blanc, au centre du village, vers l’Église.(fermé en 2019)
- Le Café de la Croix Fédérale à la rue de l’école. Celui fermé en 1996 environ.
- Le Café-Restaurant du Creugenat célèbre pour la Saint-Martin. Il a brulé il y a 30 ans environ.
- Le Café du Repos, en bas du village.
- Le café de la Pomme d’Or, disparu il y a une centaine d’années.
Aujourd’hui il n’ y a plus de restaurant à Courtedoux . l’Aérodrome, situé en transition, appartient aux communes de Porrentruy et Courtedoux. C’est pour cette raison qu’il n’est pas compté à part entière.
À l’époque, le restaurant du cheval blanc appartenait au Prince Évêque. Des gens y récoltaient la dime pour celui-ci. Pour le village, ils récoltaient les fourrages et le blé.
- Traces de dinosaures
En 2002, près du petit chalet du clos-Vougeot (lieudit), en creusant pour l’autoroute, on a trouvé les premières traces de dinosaures âgées de 150 millions d’années. Puis, d’autres empreintes ont été découvertes. On en compte plus de 500 appartenant à des Sauropodes, des herbivores quadrupèdes, qui arpentaient, en troupeau, une plage de la mer jurassique « Thétis ». La taille des traces a permis d’estimer la hauteur de ces animaux qui étaient de 2 à 3 mètres et avec une longueur maximale de 15 mètres. Ce nouveau site est l’un des plus importants de Suisse.
- Lieudits
La plupart des lieudits sont actuellement devenus les noms de certaines rues.
- Nous avons par exemple, la « ferme du Varandin » au-dessus de la commune de Courtedoux, à la limite entre Bure et Porrentruy. Cette ferme a été bâtie en 1839 pour le préfet Choffat. En 1913, suite à des revers de fortune de la fille du préfet, Monsieur Hoffstetter rachète la ferme. Depuis ce moment-là, la ferme et la propriété de la famille de père en fils.
- « Enson Nova », zone au-dessus du village où se trouve une des neuf croix du village.
- « Le Pilay », pâturage communal et aire de pique-nique.
- « Le Pouche » (puits), petite vallée montant depuis la « ferme de Sylleux ». Cette dernière a été bâtie dans les années 1890 par un notaire, ancien propriétaire du Restaurant du Cheval Blanc.
- Le « Vaux-sur-Chaux » (Vaschtchat), zone de terrains la ferme Michel (entourée de forêt).
- « Le Bô d’Estai ». Il s’agit d’une grande forêt longeant l’autoroute. Aux abords du « Bô d’Estai » se trouve une grange. Dans les environs, des traces de dinosaures ont été découvertes.
- « Les Combes », finage se trouvant derrière le « Bô d’Estai ».
- « Le Bô Lâtchiere », en dessous de « La Descombes », est situé près de la route cantonale en direction de Chevenez. De l’autre côté de cette dernière se trouve le lit du Creugenat et de l’autre côté « le Bois de Montaigre », colline boisée au-dessus du Creugenat et tout le long du tracé du Creugenat jusqu’à « Mavalau » (ferme de Porrentruy).
- « Les Echies », continuation du « Bois de Montaigre ». Il s’agit de prés et de pâturages en pente.
- « Le Péquis » , au fond du village, coin de pré (gros triangle), où les gens mettaient leurs vaches. Ce terrain n’était pas cultivé.
- « L Bouloie », petite vallée montant depuis l’aérodrome en direction de la forêt du Fahy.
- « La Vide d’Eau », lieu où les égouts descendaient vers la plaine de Courtedoux. Il n’y avait pas de canalisation, l’eau des chenaux, l’eau de pluie, etc. allaient dans la rigole et les prés.
- Mythes et légendes :
- Les sorcières du Creugenat et le mystère du Creugenat
Le creux aux sorcières, Creugenat en patois, est un grand gouffre de 20 mètres de diamètre et de 15 mètres de profondeur par lequel la rivière souterraine « l’Ajoulotte » vient temporairement à la surface. Ce trou sombre et mystérieux est depuis longtemps sujet à certaines légendes et croyances. En effet, il existe encore des écrits datant du Moyen-Âge qui relatent les pratiques de rites sataniques dans le lieu de sabbat des sorcières.
Les gens pensaient que l’eau provenait du Doubs, voire même du Mont Blanc et ce jusqu’en 1926 l’année où Perronne, avec l’aide de Lièvre et Koby, s’immerge dans le Creugenat pour y faire des expériences scientifiques.
Malgré la légende qui raconte que l’eau emporte les hommes qui pénètrent dans le trou, Perronne tenta l’expérience et toucha de la roche avec son pied. Il décida alors, six ans plus tard, qu’une équipe aille déblayer et ouvrir le trou pour que deux ans après, un scaphandrier puisse descendre et explorer les galeries sur 27 mètres, et 55 mètres 48 heures plus tard. Malheureusement, le tuyau d’oxygène n’était pas assez long pour continuer. Pourtant, les chercheurs persévèrent et décident d’assécher le trou à l’aide d’une pompe. Un comité se forma pour réunir les fonds nécessaires et les FMB mirent en place une ligne électrique ainsi que des tuyaux qui permettaient d’emporter 10 litres d’eau pompés par seconde à l’extérieur du Creugenat. Le gouffre une fois vide, les explorateurs avaient 10 minutes pour relever des données et prendre des photos sur 150 mètres de galerie avant que l’eau ne remonte.
Perronne lança ensuite un second projet pour explorer d’autres siphons. De nombreuses discussions ont eu lieu quant à la marche à suivre. En effet, on envisageait de creuser des trous dans les terrains voisins et il était nécessaire d’en parler aux propriétaires. Mais tous les plans furent abandonnés lorsque la Seconde Guerre mondiale éclata.
En 1973, Domont un plongeur et spéléologue explora à son tour de nouvelles galeries avec le Groupe lémanique de plongée souterraine et découvrit une salle de grande dimension qui n’étaient pas sous l’eau. Ils la baptisèrent la « salle D’Albert Perronne » pour honorer le premier homme à être descendu dans le Creugenat. Jusque-là 1.5 kilomètre de galeries avait été parcouru.
Le weekend du 11 septembre 1999, le « Groupe spéléo Porrentruy » a asséché à nouveau le conduit souterrain avec les mêmes méthodes que 60 ans plus tôt. Ils ont exploré les mêmes endroits que Domont et Perronne, mais avec du matériel plus performant. En effet, l’expédition était une occasion de tester le nouveau matériel des spéléologues ajoulots et de relever des données précises afin de pouvoir planifier une seconde expédition. Cette dernière avait pour but de mieux connaitre les galeries souterraines en vue de la construction d’un viaduc pour l’autoroute A16. Pendant les opérations, les villageois étaient intrigués par le système mis en place et ont assisté, durant le week-end, aux travaux qui ont été menés malgré un débit d’eau deux fois plus élevé qu’à l’accoutumée. C’est pourquoi les chercheurs ne sont pas restés longtemps sous terre de peur de voir l’eau revenir plus rapidement que prévu ou d’avoir des problèmes techniques. De plus, lors du pompage, une pompe est tombée en panne et s’est à ce moment-là que les seules considérations non scientifiques, notamment au sujet du mécontentement des sorcières ont été faites. Mais malgré cela, les spéléologues se sont montrés satisfaits des résultats obtenus et partent d’un bon pied pour la prochaine expédition, car ils ont eu la preuve qu’ils étaient capables de mener à bien leur mission avec du matériel performant. Pourtant, encore aujourd’hui, personne ne sait d’où provient la source du Creugenat.
- Anecdote
La famille Michel est, aujourd’hui encore, propriétaire de la ferme de Vaux-sur-Chaux (lieudit). L’inauguration de cette ferme a eu lieu dans les années 70, le jour où le conseiller fédéral Honegger est venu visiter le remaniement parcellaire de la commune de Courtedoux. Celui-ci a été invité par la famille. Une fois arrivé, il se présente : – « Bonjour, Honegger ». Madame Michel lui répond : – « Oh, on est déjà bien assez ». Celle-ci ayant compris : – « On n’est guère ».
JP Meneghelli